Wind Breaker - Critique

Simple démo technique ou véritable fable de la bagarre ?

Dans le rayon des séries bagarreuses, Wind Breaker a le charme des beaux jours. L’adaptation du manga de Satoru Nii a eu droit à un traitement particulièrement soigné de la part du studio Cloverworks. Une belle prouesse visuelle (et de planning aussi, sûrement) qui ne semble toutefois pas régler certains problèmes du matériau de base. Plus doué sur la forme que sur le fond donc ? Pas exactement.

La base de l’histoire de Wind Breaker est simple. Haruka Sakura, fraîchement lycéen, fait ses débuts à l’école Furin, réputée comme infestée de délinquants et dominée par la violence. Son objectif est par conséquent d’y aller pour se battre avec ses membres les plus forts et de monter à son sommet. Bref, être le plus fort des mecs forts, histoire de visiblement prendre sa revanche sur la vie et des années de mépris et de maltraitance dû à un physique atypique (le jeune garçon a une hétérochromie des yeux et des cheveux).

La perspective de cette (littérale) lutte des classes va cependant être prise de court par la réalisation de la véritable nature du lycée Furin. Plutôt qu’un établissement dans lequel règne la violence, ses élèves forment au contraire les « Wind Breaker », un groupe au service et à la protection du quartier. Au lieu d’être craints, ses élèves sont largement appréciés par le voisinage. Heureusement, il reste les bandes rivales pour assurer des échauffourées (c’est tout de même pour ça que Sakura – et nous – sommes là).

Autant dire que la promesse est bien tenue. La série impressionne dès son premier épisode avec une bagarre de rue joliment mise en scène, faisant déjà étale de belles idées de chorégraphies d’échauffourées. Il faut ensuite attendre quelques épisodes pour retrouver de la baston digne de ce nom, mais là encore l’attente en valait la peine. On se délecte des acrobaties dépeintes avec une impressionnante fluidité et d'impressionnants jeux de caméra pour accompagner les coups des protagonistes. Le titre remplit en cela parfaitement son objectif de divertissement d’action avec une belle constance.

Cette clarté visuelle profite aux séquences d’action, particulièrement lisibles.

L’anime de Wind Breaker est assez beau dans l’ensemble. Ses décors sont ainsi étonnamment soignés malgré des environnements souvent délabrés, mais ponctués de détails qui font le taf pour l’immersion. La colorisation profite également de ce minutieux travail sur la direction artistique du titre, avec une palette de couleurs légèrement délavée et donnant un cachet plutôt élégant à l’anime. Cette clarté visuelle profite aussi aux séquences d’action évoquées plus haut, rendant l’ensemble particulièrement lisible. Clairement, Wind Breaker est un véritable bonbon pour les yeux.

©Satoru Nii,KODANSHA/ WIND BREAKER Project

Autre versant de la bastonnade, la série régale avec ses personnages. Ne serait-ce que son personnage principal, Haruka, dont la personnalité conflictuelle le rend attachant d’emblée. Avec aussi une amusante habitude d’en faire un vrai tsundere de service, rougissant à la moindre attention amicale de ses camarades. Et, vu l’environnement purement wholesome que veut être Furin, cela arrive très régulirement. Un contexte permis par le meneur de Wind Breaker, Hajime Umemiya, l’autre bonne idée du titre. Sa sympathie naturelle et son charisme inné font de lui un véritable protagoniste ayant atteint son but, et il sera interessant de voir ce que va faire la série d’une figure si intouchable.

Sur ces 13 premiers épisodes, on a le droit à un long et intense affrontement avec une bande rivale. Ce qui entraine un bel arc introductif pour étaler les compétences de plusieurs protagonistes, tout en profitant des intrigues sur leurs adversaires. Et il y a un véritable plaisir à voir se dévoiler, couche après couche – ou plutôt coup après coup –, les tourments de ces personnages. Une attention sensible qui fait bien tout le cœur du titre, rarement la baston n’a semblé avoir aussi bon fond.

©Satoru Nii,KODANSHA/ WIND BREAKER Project

Autant de qualités qui font presque oublier la quasi-absence de fil rouge dans le récit. S’il y a bien l’objectif de Sakura d’atteindre le sommet des Wind Breaker, il manque des éléments liants à court terme. Cela peut amener à l’étrange sensation d’être dans le flou en suivant la série, particulièrement après la fin d’un arc où l’on ne sait littéralement pas quoi attendre pour la suite. Mais ce n’est pas si grave, le reste de l’histoire a suffisamment de profondeur pour tenir en haleine et la simple présence de ses personnages est plaisante à suivre.

Verdict

Il ne faut donc pas avoir avoir peur de la gourmandise en se mettant à Wind Breaker. Ses protagonistes sont diablement attachants, Sakura et ses réactions gênées en tête. Son écriture est généreuse en bons sentiments et attentionnée dans le traitement de ses personnages, des héros à leurs adversaires. Ainsi, l'annonce d’emblée d’une suite pour 2025 est une excellente nouvelle pour être assurée d’en découvrir davantage et s’éviter l’effet de simple démo technique qu’aurait pu avoir le seul arc de cette première saison.

Dans cet article

Critique Wind Breaker : Simple démo technique ou véritable fable de la bagarre ?

8
Très bon
Techniquement généreux dans ses bastons, élégant dans sa mise en scène, Wind Breaker est la série de la pugnacité tendre et sensible. Et ce n'est pas son manque de liant qui va venir entacher ce plaisir.
Wind Breaker