Tales of Kenzera: Zau - Critique

Un metroidvania d'auteur.

Après un premier side scroll intégral du premier chapitre de Tales of Kenzera : ZAU, nous étions plutôt convaincus par les qualités ludiques du jeu d’une part, mais également par l’ambiance que les équipes d’Abubakar Salim instaurait, avec une l’identité forte et remarquée. Il restait à déterminer si l’histoire saurait nous captiver jusque la fin et si le gameplay arriverait à se renouveler. Nous avons terminé notre aventure sur Tales of Kenzera : ZAU avec des réponses très claires.

A une époque où les jeux video coûtent de plus en plus cher à produire, les éditeurs prenant de plus en plus de risques, le blockbuster triple AAA a logiquement perdu cette fraîcheur qui caractérisait ce si jeune et déjà si puissant médium. Dans ce contexte, c’est dans les productions plus mesurées, dites AA, que l’on peut retrouver cette prise de risque et cette âme d’antan.

Une identité assumée

Tales of Kenzera : ZAU nous narre ainsi l’histoire d’un héros dont le père vient de mourir et qu’il faudra libérer des châtiments de la tombe. Ce plateformer d’aventure faisant beaucoup penser au dernier Prince of Persia : The Lost Crown, véhicule cette idée d’épreuves à surmonter et de voyage aux allures de parcours initiatique afin de surmonter la perte d’un père.

Développé par Surgent Studios et édité par EA Originals, la branche « indie » du géant américain du jeu vidéo, Tales of Kenzera : ZAU profite des moyens considérables d’Electronic Arts, tout en cultivant sa différence avec le côté « indie » et la vision d’auteur du jeu.

Le créateur, Abubakar Salim dispose d’ailleurs d’un documentaire sur sa personne disponible dès le menu principal du jeu mais également sur Youtube. Il offre de plus sa voix au personnage de Zau en anglais. C’est un comédien confirmé puisqu’en plus de son rôle en tant que Bayek of Siwa, Salim a également tourné dans la série House of Dragons de HBO. Le jeu dispose de deux pistes audio, l’une en anglais et l’autre en Swahili pour encore plus d’authenticité.

Au final, les finitions sont superbes, les effets visuels sont nombreux et la technique est impeccable. Pour continuer avec la comparaison avec l’excellent PoP sorti en janvier dernier, nous avons trouvé Tales of Kenzera : ZAU encore plus beau et avec une direction artistique d’inspiration bantou et visant l’afro futurisme que l’on prend plaisir à découvrir tout le long des quatre actes dont dispose le jeu, faisant usage de couleurs et de décors inspirant la peur, l’anxiété, la douleur et l’acceptation, rendant l'ensemble plus singulier, presque plus libre et donc déjà plus marquant.

Les thèmes musicaux, d’ailleurs enregistrés nulle part ailleurs que sur la mythique Abbey Road, utilise des instruments africains et confère au jeu une vibe dépaysante. Certains thèmes de boss sont déjà mythique !

Varié, évolutif et léché

Tales of Kenzera : ZAU est donc un Metroidcania en 2,5D, même si tout est techniquement bien en 3D mais vous comprenez bien la formule. Combats et exploration sont les maîtres mots.

Zau est équipé de deux masques. Le masque de la Lune et le masque du Soleil. Le premier est très efficace au combat à distance alors que le second est plutôt à utiliser au corps à corps.

D’une pression sur le bumper gauche (L1 / LB), Zau change son masque. Cette mécanique apporte beaucoup de technicité aux combats mais aussi à l’exploration puisque les masques vont offrir des options de navigation différentes. Le masque de la lune permet par exemple, dès sa première upgrade, de geler l’eau afin de marcher dessus ou de grimper sur les cascades.

Les feux permettent de voyager instantanément sur n'importe quel autre feu de la map.

Alors que le masque du Soleil permet après une première amélioration intervenant dès le premier acte du jeu, d’envoyer des lances qui serviront d’interrupteur pour activer certains mécanismes à distance.

Ces deux améliorations de navigation sont également utilisables en combat et la première vous propose de geler des adversaire façon Sub Zero alors que la seconde se montre très efficace pour attaquer des ennemis sensibles au feu à distance.

Et c’est là où réside toute la nervosité et la stratégie du gameplay de Zau. Il faut rapidement, de manière instinctive presque, combiner ces deux options en combat pour vous en sortir. D’autant que dès le second acte du jeu se voient introduit des ennemis possédant des barrières de glace ou de feu, puis plus tard d’autres type de barrière encore à détruire avec d’autres pouvoirs. On nous demande donc de parfaitement combiner nos attaques pour venir à bout des ennemis.

Chaque nouvelle aptitude vous invite à revisiter le monde pour atteindre des endroits jusque là inacessibles.

Notez que si les combats restent au global secondaires et que l’on peut surfer sur le level design d’un bout à l’autre la majeure partie du temps, il arrivera parfois qu’on soit restreint à un tableau, avec des barrières énergétiques nous entravant le passage, pour affronter une horde d’ennemis dans une sorte d’arène de combat improvisée. Alors mieux vaut maitriser vos options.

Le secret de la Mana

Pour améliorer ces masques, vous récoltez de l’Ulogi, une énergie vitale du monde de Kenzera que l’on amasse en tuant les ennemis, mais également en trouvant une source cachée pendant notre voyage. Cet Ulogi permet d’avoir des points de Chaman à investir dans un arbre de compétences pour améliorer nos aptitudes de combat.

L'Ulogi apportera un petit pan de lore en plus de son côté pratique avec l'arbre de compétence

En marge de l’Ulogi, on récupère dans chaque combat un peu de sa jauge d’esprit. Une jauge améliorable en relevant certains défis, tout comme la santé maximale est améliorable en méditant à certains endroits naturels du jeu.

Cette jauge d’esprit sert justement à se soigner via la flèche directionnelle haute, ce qui consomme une jauge entière d’esprit. Mais elle sert également à utiliser la « Super » de Zau qui est différente selon le masque qu’on porte au moment où on l’enclenche. Une sorte de Kamehameha avec le masque de la lune. Et une tornade enflammée pour le masque du soleil. Des supers que l’on peut également renforcer via l’arbre de compétences.

Comme tout bon Metroidvania qui se respecte, Tales of Kenzera : ZAU sait également se renouveler dans ses capacités de navigation. Le saut, le dash, le double saut c’est un peu la base et on possède ces aptitudes d’emblée.

Au fil de notre aventure, on débloque rapidement la possibilité de glider, d’utiliser un grapin sur certains objets, de réaliser un super dash permettant de casser des murs ou encore l’aptitude de casser ou de reconstruire certains éléments selon le masque que l’on porte. Tout combiné, certaines phases de plateforme en deviennent très exigeantes et demandent une maîtrise parfaite des compétences de navigation de Zau, et on déplore parfois un manque de précision sur ces phases qui engendre beaucoup de frustration.

Comptez à peu près 8h de jeu pour terminer l’histoire de Zau en découvrant quelques secrets ici et là, et un peu plus pour le boucler à 100%. Abubakar Salim, directeur de Tales of Kenzera : ZAU, expliquait dans une récente sortie, respecter le temps des joueurs. Et commercialisé au prix de 19,99€ on a trouvé la proposition très bien placée.

Verdict

Portée par une direction artistique remarquable et soutenue par un éditeur géant, Tales of Kenzera : ZAU est un plateformer absolument maîtrisé. Le gameplay est varié, évolutif et fonctionne très bien manette en mains. L’histoire de deuil d’un père par son fils et de l’acceptation de la mort est émouvante même si cela peut parfois manquer de finesse dans l’écriture. De même certaines phases de plateforme peuvent parfois manquer d’un peu de précision, mais Zau reste, au global, un très bon Metroidvania à la DA unique.

Dans cet article

Tales of Kenzera: Zau

Silver Rain Games | 23 avril 2024
  • Plate-forme / Sujet

Test Tales of Kenzera ZAU : un metroidvania d'auteur

8
Très bon
Un gameplay maîtrisé pour un Metroidvania unique !
Tales of Kenzera: Zau