Jusant - Critique

Un jeu d'escalade avec de solides accroches.

Bien assurer sa prise avant d'aller chercher la suivant, bien ancrer son pied. On ne fait pas d'escalade ici, mais on sait au moins ça. Avec Jusant, vous n'aurez que vos mains à gérer et aucune chance de vous blesser vraiment. L'important c'est de monter pour avoir le fin mot de l'histoire. Le jeu d'escalade de Don't Nod est disponible, notamment dans le Game Pass, mais on vous livre tout de même notre avis si jamais vous hésitiez par peur du vertige.

Jusant nous offre une histoire mélancolique où le thème de l'écologique appartient au passé. L'inévitable est arrivé dans un monde qui vivait de l'océan et où l'océan a disparu. C'est la marée basse éternelle. Votre personnage dont on comprendra un tout petit peu qui il est au cours de l'aventure, va être le témoin d'une civilisation éteinte, avec ses petites histoires dans la grande histoire, alors qu'il remontera une immense falaise rocheuses où le peuple vivaient il y a fort longtemps. Comme messie, il arrive un peu tard.

Alors que les récits montrent que dans ses derniers moments l'humanité a tenté de trouver l'espoir à l'horizon via le desert, l'histoire d'un groupe ayant aussi cherché le sommet du piton rocheux fait office de fil rouge pour les joueurs prenant le temps d'observer et lire (et ça serait dommage de se passer de l'aspect contemplatif et narratif de Jusant...) On grimpe et on grimpe encore, donc, pour avoir toutes les pièces du puzzle - même si le personnage central et sa petite créature compagnon ont déjà leur propre objectif.

Bizarrement, Jusant n'exploite pas assez la sensation de progression en hauteur.

Concrètement, ça veut dire appuyer beaucoup sur R1/R2/R1/R2/R1/R2 etc. Différents chemins (mais pas une multitude) s'offrent à vous, et une fois ces controles bien en mains, notre héros peut se montrer habile et véloce comme s'il gambadait dans une prairie, mais à la verticale.

Les "niveaux" se succèdent et, bizarrement, n'exploitent pas assez la sensation de progression en hauteur. En fait, on commence le jeu déjà en hauteur, et on monte, on monte, on monte, comme la petite bête (sans redescendre), sans jamais vraiment avoir l'impression d'être... plus haut. Mais bon, nos yeux restent fixés sur ce qui nous attend en haut, plus que sur le décor en contrebas, qui lui ne bouge pas.

Don't Nod arrive à faire varier les décors, et introduit petit à petit divers mécanismes pour agrémenter l'escalade : on court sur les murs, on prend appui sur des plantes qui grandissent très vite grace au pouvoir de la bestiole, on joue un peu à Tarzan, et autres surprises ; bref, on ne s'ennuie pas. Ca aurait peut-être été le cas si Jusant avait duré quelques heures de plus, mais avec 5-6h au compteur, la fin arrive exactement au bon moment, et nous laisse satisfait si ce n'est pour un petit épilogue. On peut toujours retenter l'aventure pour ne rater aucun des petits secrets à collectionner, certains étant bien planqués.

Impossible de tomber dans Jusant, on est toujours accroché, et les pitons servent à se sécuriser avant n'importe quel passage plus sensible. Même la gestion de l'endurance est très permissive.

L'atmosphère du jeu est aussi portée par la technique et la direction artistiques main dans la main, bien entendu. Le style ne demande pas énormément de détails dans les modélisations et les textures restent simples aussi grace à cela, mais la puissance visuelle de Jusant réside dans les couleurs et les effets lumineux pour varier les ambiances. C'est vraiment magnifique. Sans oublier la musique de Guillaume Ferran, ou plutôt ses ambiances sonores ? Les compositions sont souvent discrètes, ne s'élevant qu'à quelques moments clés, mais toujours présents avec des sons tribaux et des choeurs mystiques. Vous voudrez tout de même vous procurer la BO pour l'envolée de la séquence finale du jeu à tomber par terre - mais on ne dira rien de plus, c'est peut-être la meilleure récompense de Jusant.

Verdict

On aurait bien voulu voir le fruit de nos efforts une fois Jusant complété. La fin est très belle, on ne spoilera rien, mais un épilogue n'aurait pas été de trop pour boucler le voyage. C'est avant tout une aventure d'ambiance qui enveloppe le joueur et le porte à travers ses niveaux extérieurs comme intérieurs pour l'émerveiller, sans vraiment le mettre au défi - aucune problème avec ça, on prévient juste. Même les thèmes écologiques sont plus mélancoliques qu'activistes. Le gameplay, lui, se renouvelle petit à petit, de manière pas toujours heureuse mais sans frustrer ni lasser, et se met en retrait juste à temps pour un jeu court, poétique et agréable.

Dans cet article

Jusant

Don't Nod | 31 octobre 2023
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Test Jusant, l'ascension du poète

7
Bon
Une belle ascension, assez facile et sufisamment courte pour éviter de devenir répétitive.
Jusant