Godin et Basu: Comment trois jeunes blessés du Canadien ont reçu leur cahier de tâches

MONTREAL, CANADA - OCTOBER 20: Arber Xhekaj #72 of the Montreal Canadiens and Juraj Slafkovsky #20 of the Montreal Canadiens celebrate after the NHL regular season game between the Montreal Canadiens and the Arizona Coyotes at the Bell Centre on October 20, 2022 in Montreal, Quebec, Canada. The Montreal Canadiens defeated the Arizona Coyotes 6-2. (Photo by Francois Lacasse/NHLI via Getty Images)
By Marc Antoine Godin
Apr 10, 2023

Trois des plus importantes recrues du Canadien ont raté la moitié de la saison en raison de diverses blessures, et il était important qu’ils retirent non seulement des leçons de l’expérience qu’ils ont gagné durant les matchs, mais qu’ils puissent commencer à travailler, après s’être retrouvé sur la touche, sur les éléments de leur jeu qui en ont le plus besoin.

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« C’est sûr que tu voudrais toujours en faire plus. J’ai des standards élevés, alors c’est clair que je veux en faire plus que ce que j’ai fait », a confié Juraj Slafkovský, qui n’est pas sorti emballé outre mesure de ses 39 premiers matchs dans la Ligue nationale, mais qui en aura au moins profité pour continuer de se définir en tant que joueur.

Le Canadien avait élaboré un plan avec lui de manière à intégrer progressivement de nouvelles notions à son jeu. C’était un plan élaboré sur plus d’une saison qui a cependant été court-circuité par la blessure au genou gauche qu’il a subi le 15 janvier.

« Ç’aurait été bien de pouvoir terminer la saison car on avait un plan et il a fallu interrompre le plan. Si tu ne joues pas, tu ne peux pas mettre à l’essai les choses que tu as apprises par la vidéo et à l’entraînement », a-t-il ajouté.

Cela dit, au lieu de se tourner les pouces en attendant le jour où il pourrait sauter sur la glace – ce qu’il a d’ailleurs fait lundi – Slafkovský a passé du temps à analyser Des vidéos de Matthew Tkachuk que le Directeur du développement hockey du Canadien Adam Nicholas lui envoyait. L’ailier vedette des Panthers de la Floride est l’un des joueurs qui arrive le mieux dans la LNH à allier la composante physique du jeu aux habiletés offensives, et Nicholas l’a invité à regarder ce que Tkachuk faisait de bien.

« Je veux dire, c’est un très bon joueur dans la ligue, donc il y a beaucoup à retirer d’un gars comme lui », a expliqué Slafkovský, qui a également épié le travail de quelques autres joueurs.

Nicholas a fait le même exercice avec Kaiden Guhle en lui envoyant des séquences de défenseurs comme Josh Morrissey, Ryan McDonagh et Brandon Montour, entre autres.

« On a été assez assidus avec ça, et ç’a été bien parce que ça m’a permis de rester impliqué dans le jeu et d’être là mentalement même si je ne mettais rien en application sur la glace », a expliqué Guhle, qui a été limité à 44 rencontres en raison de deux blessures distinctes.

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Guhle dresse un bilan somme toute positif de sa première saison dans la LNH, surtout compte tenu des mandats défensifs très difficiles qu’on lui a demandés. Mais qu’il s’agisse du travail dans sa zone ou de l’évolution de son jeu offensif, Guhle entend s’améliorer à prendre ses décisions et à faire des jeux à une cadence plus élevée.

« Je pense que le jeu peut parfois devenir vraiment rapide, et c’est difficile quand ta vision devient comme un tunnel et que tu perds un peu de vue les autres choses qu’il y a devant toi sur la glace », a-t-il indiqué.

Arber Xhekaj, lui, était encore sur un nuage, bénéficiant d’un traitement de vedette rock depuis son premier jour avec le Canadien, lorsqu’il s’est blessé à une épaule, le jour du Super Bowl, lors d’un combat face à Vincent Desharnais des Oilers d’Edmonton. Assez tôt dans la saison, il avait fait la constatation qu’il n’avait peut-être pas besoin de se battre aussi souvent puisqu’il n’avait pas mis de temps à se prouver et à s’affirmer devant les autres équipes. Or, cette blessure, sans pour autant remettre en question sa façon de jouer, l’a fait réfléchir davantage à l’incidence que les combats pourraient avoir sur sa carrière �� plus long terme.

Xhekaj a eu amplement de temps pour réfléchir depuis le 12 février, et amplement de temps aussi pour observer les Mike Matheson, Joel Edmundson et David Savard depuis la passerelle. Cela lui a fait comprendre certaines choses qu’il devait perfectionner dans son jeu.

« Il y a beaucoup de choses que je veux parfaire dans mon jeu défensif, et je pense que c’est ce qui va me permettre d’être un défenseur top-4 dans une équipe, a précisé Xhekaj. Je pense que j’ai un bon gabarit, un bon coup de patin, un bon tir, un bon mouvement de la rondelle, mais ce sont les petits détails, comme nettoyer le devant du filet, le positionnement et le travail avec le bâton. Je ne savais pas que c’était ces choses-là qui permettaient aux joueurs de devenir ce qu’ils sont et de rester dans la ligue aussi longtemps. On a évidemment eu beaucoup de discussions avec les entraîneurs, et c’est quelque chose sur lequel je vais vraiment me concentrer. »

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Xhekaj a entre autres précisé qu’il devait apprendre à mieux placer la lame de son bâton devant le porteur de la rondelle et l’inciter avec son bâton à aller là dans un endroit où il pourra mieux neutraliser le jeu.

« D’habitude je fonce directement vers le gars, je ne me soucie pas vraiment de mon bâton, a-t-il admis. Mais ils veulent que je garde mon bâton sur la glace, que je dirige l’adversaire avec mon bâton et qu’ensuite je termine le travail. C’est surtout à ça que je me suis attardé. »

Slafkovský, Guhle et Xhekaj en sont à trois endroits différents de leur rééducation, mais aucun ne devrait avoir de difficulté à revenir à 100% à l’ouverture du prochain camp d’entraînement.

(Éric Bolté/USA Today)

Un comparatif des statistiques de Cayden Primeau dans la LNH

Le gardien Cayden Primeau n’a pas pu endiguer l’attaque des Red Wings de Detroit, mardi dernier, cédant sur le tout premier tir qu’il a affronté, en route vers une défaite de 5-0 du Canadien. Il n’a pas effectué deux départs de qualité de suite depuis sa saison recrue, ce qui nous incite à nous demander ce qu’il faut faire avec l’échantillon de matchs qu’il a joués jusqu’à maintenant dans la LNH. Même si ses matchs ont été sporadiques et disputés alors qu’il est encore assez jeune, peuvent-ils nous aider à prédire ce qui l’attend ?

L’éclosion de Samuel Montembeault au cours des deux saisons est toujours là pour nous rappeler à quel point il faut être patient avec les gardiens étant donné que leur développement est plus tardif. Mais l’échantillon morcelé que propose Primeau dans la LNH donne à tout le moins une certaine mise en garde par rapport à ce que l’avenir pourrait lui réserver.

Primeau, qui a la responsabilité de se dresser devant le filet du Rocket cette semaine, a pris part à 21 rencontres dans la Ligue nationale depuis le début de sa carrière. Il y a 89 gardiens qui ont joué leurs 21 premiers matchs dans la ligue depuis le lock-out de 2012-13 et, au sein de ce groupe, Primeau se retrouve au tout dernier rang tant au niveau de la moyenne de buts alloués (4,11) que du taux d’efficacité (,870).

Tous ces gardiens ont joué au moins 900 minutes à leurs 21 premiers matchs. Maintenant, si certains d’entre eux ont atteint ce plateau dans une période de temps assez concentrée, Primeau, lui, a vu de l’action dans quatre saisons différentes avant d’en arriver à ce total.

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Pour avoir une meilleure idée de la façon dont on pourrait comparer Primeau aux autres gardiens de ce groupe, comparons donc grâce à l’outil Stathead de Hockey-Reference le rendement de Primeau à celui d’autres gardiens qui avaient étalé comme lui leurs 21 premiers matchs sur quatre saisons, et dont le nombre de minutes jouées ressemblait le plus aux siennes. Bref, comparons-le à ceux qui ont eu le même genre d’intégration progressive que lui.

Entrées progressives dans la LNH
Gardien
  
De
  
À
  
AGE
  
PJ
  
MIN
  
FICHE
  
% EFF
  
MOY.
  
2019-20
2022-23
23
21
978:48
3-12-2
,871
4,11
2017-18
2020-21
28
21
946:05
6-7-1
,888
3,30
2014-15
2017-18
25
21
972:19
2-12-3
,894
3,58
2012-13
2015-16
26
21
1008:41
6-6-4
,911
2,68
2014-15
2017-18
24
21
1041:04
4-10-2
,899
3,00
2012-13
2015-16
24
21
1092:01
8-6-5
,920
2,53

Ce tableau pose cependant problème par rapport à l’âge des gardiens. Ceux qui n’ont eu que des rappels sporadiques et qui ont une feuille de route semblable à celle de Primeau passé le cap de la mi-vingtaine n’indiquent pas nécessairement la trajectoire que le jeune gardien va emprunter. Tournons-nous donc vers les états de service des gardiens qui, au terme de leur saison de 23 ans, avaient joué un nombre de minutes s’approchant le plus de celui de Primeau.

Gardiens après leur saison de 23 ans
Gardien
  
PJ
  
MINUTES
  
FICHE
  
% EFF
  
MOY.
  
21
978:48
3-12-2
,871
4.11
18
991:03
2-12-2
,889
3.69
20
1032:21
7-6-5
,924
2.44
21
1048:59
4-13-1
,900
3.66
19
1101:10
8-7-2
,896
3.11
21
1189:24
8-11-2
,913
2.62

Nous ne faisons ici que comparer des joueurs, et il n’y a que les performances futures de Primeau qui peuvent dicter l’allure de sa carrière. Toutefois, compte tenu de ce que l’histoire récente nous a montré, on ne peut pas vraiment s’attendre à ce qu’il devienne un gardien de but numéro un sur la base de ce qu’il a déjà démontré jusqu’à maintenant.

Anton Forsberg, dont l’entrée dans la ligue ressemble beaucoup à celle de Primeau, a fini par afficher un taux d’efficacité supérieur à ,900 à partir de l’âge de 25 ans, quand il a participé à 35 matchs des Blackhawks de Chicago. Après avoir roulé sa bosse, il a fait sa niche comme gardien auxiliaire à Ottawa.

Alex Lyon a affiché des statistiques très comparables à celles de Primeau à ses premières années, mais il était plus vieux que lui. Lyon avait l’air d’un gardien de la Ligue américaine jusqu’à ce que ses performances étonnantes des dernières semaines en Floride n’aident les Panthers à rester dans la course aux séries.

Arvid Soderblom, lui, n’a joué ses premiers matchs dans la LNH que l’an dernier, mais sa feuille de route jusqu’à présent est similaire à celle de Primeau. Les Blackhawks ont eu recours à lui en première moitié de calendrier, mais il a davantage joué dans la Ligue américaine cette saison.

On pourrait ajouter aussi que Primeau n’est qu’à quelques départs décents d’aligner sa fiche à celle de Laurent Brossoit, un autre gardien substitut de carrière.

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Si le Canadien maintient le statu quo devant le filet au sein de son organisation, les projections qu’il fera de Primeau entreront sûrement en ligne de compte au moment de décider s’il faut faire des pieds et des mains pour ne pas l’exposer au ballottage l’automne prochain. Mais si Primeau avait à devenir Linus Ullmark ou même Philipp Grubauer, il aurait probablement fallu qu’il s’affirme de façon plus convaincante dans la LNH qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant.

Une étrange statistique à la fiche de Mike Matheson

Restons dans le domaine statistique un moment, car il faut absolument vous partager l’une des statistiques individuelles les plus étranges chez le Canadien cette saison. Elle implique Mike Matheson et, plus précisément, le partage des buts qui sont marqués à 5-contre-5 lorsqu’il est sur la glace. Les chiffres compilés par Natural Stat Trick sont ahurissants.

BP à 5-c-5BC à 5-c-5
Avec Samuel Montembeault
23
10
Avec Jake Allen
13
23

« C’est bizarre, hein ? » s’est exclamé Matheson lorsque nous lui avons montré ce tableau.

« Il y a de ces statistiques, tu te dis, quoi??? »

D’une certaine manière, un parieur ou un pooler aurait pu décider cette saison s’il valait la peine ou non de miser sur Matheson simplement en regardant qui défendait la cage du Canadien un soir donné.

Aucun autre défenseur du Canadien n’a un écart semblable dans le différentiel de buts. Il s’agit vraiment d’une anomalie propre à Matheson. Samuel Montembeault n’avait aucune explication à proposer pour justifier ce phénomène incongru, pas plus que Matheson d’ailleurs.

« Je suis sous le choc… mais je ne tirerais aucune conclusion de ça », a dit le défenseur québécois en quittant le vestiaire.

(Dan Hamilton/USA Today)

L’arrivée remarquée d’Emil Heineman en Amérique

Le Rocket de Laval joue sa saison dans les deux prochains matchs, et il peut remercier Emil Heineman d’avoir apporté sa contribution offensive à une formation qui battait de l’aile en attaque depuis un moment déjà.

La troupe de Jean-François Houle sera bien sûr revigorée de revoir Rafaël Harvey-Pinard et Jesse Ylönen, qui ont été parachutés à Laval en vue du match de lundi soir face aux Penguins de Wilkes-Barre. Mais déjà, l’arrivée de Heineman avait donné un nouveau souffle à l’attaque du Rocket. L’ailier suédois, acquis dans la transaction qui a envoyé Tyler Toffoli à Calgary la saison dernière, a récolté sept buts et ajouté deux mentions d’aide en huit matchs jusqu’à maintenant.

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Fraîchement débarqué de Leksands, en Suède, Heineman semble avoir réussi une transition immédiate au hockey nord-américain.

« C’est rare que tu vois ça, un gars qui s’ajuste aussi vite, a reconnu Houle. On est content qu’il se soit ajusté aussi vite parce qu’on en avait besoin. Il est arrivé à point pour nous autres. »

L’entraîneur a toutefois ajouté que l’organisation du Canadien savait exactement à quoi s’attendre de la part de Heineman depuis qu’elle l’avait vu à l’œuvre au camp des recrues, l’automne dernier. Mais s’il ne mesure officiellement que 6’0 et 194 livres, Heineman a un physique bien campé et il n’hésite pas à l’utiliser sur la patinoire. Il possède un très bon lancer, une bonne vision du jeu et au plan défensif, ses replis sont excellents.

« Je me souviens qu’on en parlait comme s’il allait peut-être faire la Ligue nationale dès cette année », a ajouté Houle.

Heineman a expliqué que si la transition au hockey nord-américain se passait si bien, c’est qu’il préfère le hockey plus intense et plus instinctif d’ici que les styles plus systématiques utilisés en Europe.

« Et puis j’aime les petites patinoires, ça me permet d’utiliser mon lancer beaucoup plus », a indiqué l’ailier de 21 ans.

Heineman ne va pas trop s’emballer avec un aussi petit échantillon, mais à Leksands, il a dû se contenter cette saison de huit buts et sept mentions d’aide en 35 matchs, ce qui n’a pas représenté de réelle amélioration par rapport à la saison dernière. Il est donc heureux de pouvoir terminer sa saison sur une meilleure note en mettant à profit les choses qu’il a appris depuis l’été dernier dans l’organisation du Canadien, à commencer par l’utilisation de son corps afin de mieux protéger la rondelle.

« Tout ce à quoi j’ai pensé en arrivant ici, c’était de travailler fort, d’aider l’équipe, et de tirer beaucoup au but. Je ne me suis placé de grosses attentes envers moi-même, juste de garder l’esprit ouvert et de jouer à ma façon. »

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Il est évident, à voir sa moyenne de 3,75 lancers par match depuis son arrivée avec le Rocket, que Heineman entend miser sur un gros volume de tirs, et cela lui sourit jusqu’à présent.

« Il a un excellent tir et il l’utilise, a convenu le défenseur Corey Schueneman. Il est intelligent avec la rondelle, aussi, et il n’hésite pas non plus à jouer physique. Il initie les contact et joue de façon robuste.

« Le fait qu’il soit arrivé et qu’il ait connu des succès immédiats, c’est évidemment formidable. Surtout dans un moment comme celui-ci, à ce stade-ci de la saison, c’est vraiment important. Parfois, les joueurs arrivent et ont besoin de quelques matchs pour s’habituer, mais ce n’est pas le cas avec lui. C’est une très longue séquence pour lui, mais il est sauté dans le train et il a tout de suite pris les choses en main, donc c’est génial. »

Heineman a changé d’organisation deux fois en l’espace d’un an après qu’il eut été le choix de deuxième ronde (43e au total) des Panthers de la Floride en 2020. Son père est venu passer une semaine avec lui, ils sont allés au Centre Bell ensemble et Heineman en a profité pour renouer avec quelques joueurs du Canadien.

Il dégage l’impression d’un joueur pour qui cette fois-ci est la bonne, et qui sent que Montréal est l’endroit où il va enfin pouvoir s’établir.

Il s’y sent chez lui.

(Photo d’Arber Xhekaj et Juraj Slafkovský: Francois Lacasse/NHLI via Getty Images)

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