King Arthur: Knight's Tale - Critique

Avalon est notre terrain de jeu pour ce T-RPG solide et surprenant.

Après un accès anticipé prometteur, mais laissant encore des interrogations en suspend, on a enfin pu parcourir la version définitive du titre de Neocore Games : King Arthur Knight’s Tale. Ce T-RPG au tour par tour est un morceau de choix dans le genre et ravira les joueurs fans des légendes arthuriennes et/ou du dark fantasy.

Le roi Arthur et Mordred se livrent un duel à mort sans merci. Le monarque du royaume de Logres met son adversaire au tapis, mais dans un dernier souffle, celui-ci assène un coup fatal au souverain. Alors qu’Arthur est en route pour Avalon, il disparait après que son navire se soit échoué. Avalon est sans dessus dessous, des bandits surgissent et profitent du chaos ambiant pour semer la zizanie, des rebelles veulent s’emparer du pouvoir, mais ce n’est pas tout. Des revenants et des esprits malfaisants hantent les lieux. La Dame du Lac pressent une force sombre mêlée à cette affaire et ramène Mordred à la vie afin que celui-ci termine ce qu’il a commencé tout en reconstruisant Camelot.

Le pitch pose le cadre surnaturel de King Arthur se servant des légendes et du folklore arthuriens pour les revisiter dans une version séduisante et bien plus sombre. L’histoire se dévoile au compte-gouttes, de mission en mission, mais nous tient en haleine jusqu’au dénouement final. On rencontre les personnages majeurs, tout comme secondaires, de l’histoire qu’on connait tous. On traverse des lieux mythiques, à commencer par Camelot qui sera un point central de l’expérience. Neocore Games s’est servi d’un sujet très peu exploité dans le pays vidéoludique afin de nous offrir une narration captivante et originale.

Un jeu de rôle complet

Comme tout bon RPG qui se respecte, King Arthur nous offre de nombreuses facettes à explorer que cela soit nos troupes directement, ou Camelot.

À la fin de chaque mission, nos héros engrangent de l’EXP, ainsi que des points de compétences à chaque prise de niveau afin d’acquérir ou améliorer des capacités. Les possibilités sont énormes aussi bien en quantité de choses à débloquer qu’implicitement en combinaisons sur le terrain par la suite.

On dénote de nombreuses complémentarités, permettant déjà de dessiner sur le papier des combos à exécuter pour maximiser les dégâts générés lors de la prochaine bataille.

Le système est profond, mais loin d’être complexe quand on regarde attentivement les effets et caractéristiques de chaque compétence, liées aux différentes classes de personnages (cinq au total) allant du défenseur armé d’un pavois et une épée à une main au magicien adepte de l’incantation de sorts.

L’IA devient vicieuse et cherche constamment à frapper de dos, en évitant les initiatives, elle casse les lignes de vues pour nous compliquer la tâche.

En plus du leveling de nos avatars, on améliore leurs équipements via des enchantements ou encore divers accessoires et artéfacts reçus en récompense de missions, ou sur le champ de bataille dans des coffres dissimulés aux quatre coins de la carte.

Encore une fois, on oriente très rapidement ces stats et bonus selon notre façon de jouer, les talents utilisés ou non. On ressent que Neocore Games a voulu créer (et a réussi à le faire) une symbiose sur toute la chaine. Son système est prenant, simple et complet à la fois, rendant la composante RPG très attrayante.

Une table ronde à peupler

Afin d’accomplir la mission que la Dame du Lac nous a confiée, Mordred a besoin de compagnons de route. En plus de ceux rencontrés et recrutés lors de la trame principale, de nombreux membres s’ajoutent en parcourant le contenu annexe optionnel, mais également selon nos décisions.

Cette fonctionnalité est d’ailleurs sujette à de nombreux impacts sur notre aventure et notre royaume. À plusieurs reprises, des choix s’imposent à nous et modifient notre « identité » aussi bien sur notre façon de gouverner (bon ou tyran) que sur nos croyances (foi ancestrale ou chrétienté).

De nouveaux héros (et bonus) se débloquent sous réserve de certains prérequis atteints. Lancelot nous rejoint une fois notre bonté maximisée alors que la fée Morgane arrive dans l’équipe uniquement si nos croyances locales sont renforcées au plus haut palier. Et cela va encore plus loin avec la nécessité de remplir deux critères pour certains cas. Par chance, Knight Arthur nous accompagne jusqu’au bout dans son système, en montrant un logo clair pour indiquer au joueur l’impact que va avoir son (in) action ou dialogue.

Une notion de loyauté apparait, qui augmente ou baisse avec les différents compagnons selon nos décisions, activant certains bonus-malus.

Débloquer l’intégralité des personnages et tous les optimiser sur un run unique est impossible tant l’offre est variée. Ce n’est pas moins d’une trentaine de protagonistes qui sont disponibles avec chacun leur identité, leurs traits de caractère, leurs capacités, histoire et volonté.

Une place forte à reconstruire

Camelot est un champ de ruine, qui ne demande qu’à être rebâtie. Seule la salle de la table ronde persiste au début de l’aventure. Moyennant finance et surtout composants (obtenus en complétant des missions), on remet sur pied différents lieux de notre ville fortifiée : un hospice pour récupérer quelques PV, un terrain d’entrainement pour engranger de l’expérience, un lieu de commerce pour acheter et vendre de l’équipement et consommables, etc.

Mais débloquer une structure ne suffit pas à lui faire retrouver sa superbe d’antan. En effet, chaque annexe peut et doit être améliorée pour en tirer le meilleur : gain de statistiques pour toute notre équipe, des emplacements de personnages, stock d’articles de qualité supérieure, et j'en passe.

King Arthur ajoute une surcouche « gestion » certes légère, mais plus que plaisante imposant encore une fois de faire nos propres choix, d’autant que les ressources en notre possession sont limitées surtout au début de la campagne.

Gardons à l’esprit qu’un combattant se faisant soigner implique une indisponibilité pendant une ou plusieurs missions successives. Il arrive aussi qu’un de nos membres demande une permission pour s’absenter temporairement. Une gestion de l’effectif se met alors en place afin d’avoir toujours suffisamment de personnes sous le coude pour partir sur le terrain.

Un long périple

Neocore Games est loin d’être avare en contenu pour son dernier jeu. Outre un roster conséquent et varié, Camelot recelant d’options et un aspect RPG volumineux, parcourir l’intégralité de King Arthur Knight’s Tale nécessite deux ou trois dizaines d’heures pour compléter une vingtaine de missions (quatre chapitres) composants la trame principale, de l’annexe tout autant imposant ainsi que quelques surprises en guise d’end game mais je ne vais pas vous gâcher la découverte.

Ce contenu secondaire se constitue d’évènements demandant une intervention physique ou simplement des prises de décisions impactant l’expansion de Camelot, et notre influence sur Avalon.

La progression est quelque peu en dent de scie, avec régulièrement un niveau conseillé pour une quête centrale bien supérieure au celui de notre troupe, nous obligeant alors à effectuer quelques sorties facultatives en plus d’optimiser notre utilisation des options que nous offrent notre place forte.

Une affaire d’arme et de magie

On retrouve le socle du T-RPG au tour par tour où chacun de nos avatars dispose d’un panel de PA (points d’action) pour bouger et attaquer. Le placement joue un rôle des plus importants dans King Arthur. Selon la classe de l’ennemi, il peut bloquer / réduire fortement les dégâts des coups frontaux ou du côté où il porte son bouclier.

L’angle d’approche peut engendrer une attaque d’initiative (le chevalier frappe à vue, même si ce n’est pas son tour, en échange de quelques PA). Les dégâts latéraux, mais surtout dans le dos permettent de descendre plus rapidement la vie de nos adversaires. D’autant que chaque unité peut avoir plusieurs couches à réduire à 0 pour la mettre à terre : armure, PV et pour finir la vitalité.

On retrouve les traditionnels dégâts directs, afflictions ou autre DoT (dégâts sur la durée type saignement, brûlure, et ainsi de suite) sachant que chaque ennemi du bestiaire possède ses propres résistances et à l’inverse faiblesse et ceci prévaut pour nous aussi.

D’ailleurs ce bestiaire est varié et très travaillé, mêlant réel et imaginaire : humanoïdes, morts-vivants, esprits vengeurs, etc. C’est 7 factions et plus de 50 adversaires différents que Neocore Games nous propose.

À difficulté basse, le challenge est totalement absent, même sans se poser de question et en jouant frontal uniquement. Mais dès lors qu’on monte les curseurs, la donne change radicalement. L’IA devient vicieuse et cherche constamment à frapper de dos, en évitant les initiatives, elle casse les lignes de vues pour nous compliquer la tâche, etc. Le défi répond présent et punit au moindre faux pas tactique.

Le palier le plus élevé demande de viser à fond l’optimisation de dégâts, et de notre propre survie. Heureusement, chaque zone de mission dispose de plusieurs points d’intérêt permettant de récupérer PV et vitalité temporairement.

Un monde sans alternative

Vous voulez un peu plus de pression ? Au lancement de l’aventure, King Arthur nous laisse un choix, non modifiable ensuite, pour créer la partie :

  • un chemin « paisible » permettant de multiples copies de sauvegarde durant notre avancée avec la liberté de revenir en arrière via le chargement d’une d’entre elles quand bon nous semble.
  • À l’inverse, une option rogue avec une seule et unique cartouche grave instantanément dans le marbre chacun de nos actes en gardant à l’esprit que la mort d’un compagnon est définitive (dans les deux cas) ! Retour arrière impossible.

Ne pas pouvoir recharger après une mauvaise action, un choix inopportun, peut avoir des conséquences plus ou moins désastreuses sur le long terme. Mais c’est dans ce mode que je me suis lancé pour mon run final, et même si je m’en suis mordu les doigts à quelques reprises, l’expérience en fut réellement bonifiée, car on mesure le poids de nos décisions et très rapidement. Personnellement, j’ai adhéré à toute cette mécanique.

Camelot et Avalon ont pris un coup de vieux

Tout semble rose pour King Arthur Knight’s Tale mais son rendu risque de diviser, dire si le jeu est joli ou l’inverse est difficile. Le tout semble parfois manquer de finesse ou précision. La direction artistique fait pourtant le job avec des décors inspirés, composés d’une multitude de détails. Cette version sombre d’Avalon est excellente, mais je pense personnellement que le titre aurait mérité une technique un peu chouïa plus poussée.

Il y a régulièrement un effet assez déroutant à l’image, une sorte de filtre que je ne saurais décrire, qui me gêne quelque peu. À côté de cela, c’est stable et surtout peu gourmand en ressource en plus de proposer par exemple le support de l’ultra wide. King Arthur est alors jouable sur un grand nombre de configurations.

Verdict

La première approche l’an passé était positive et aujourd’hui, je peux dire que Neocore a rempli la grande majorité du cahier des charges concernant les attentes ou questions que King Arthur Knight’s Tale a généré. Il présente énormément de points intéressants comme sa revisite des légendes arthuriennes dans une version dark Fantasy, un gameplay complet et une composante RPG convaincante. On se prend au jeu de partir à la poursuite d’un Arthur obscur au contrôle de son Némésis afin de lui faire mordre une nouvelle fois la poussière en reconstituant notre table ronde à notre sauce : bon ou tyran, penchant vers la chrétienté ou enraciné dans les croyances ancestrales. D’ailleurs cette facette débloquant différentes choses selon nos choix est rondement menée. Prévu initialement pour une durée de 3 à 7 mois, l’accès anticipé a finalement duré 15 mois soit le double, mais je pense que cela lui a été des plus bénéfique. Les voyants tendent au vert pour King Arthur Knight’s Tale et aujourd’hui les seuls points pouvant diviser sont pour moi d’ordre strictement visuel et surtout un petit manque de polish global notamment sur la traduction des sous-titres.

Dans cet article
  • Plate-forme / Sujet

Test King Arthur: Knight's Tale

8
Très bon
Un T-RPG tour par tour puissant, attrayant et riche. King Arthur Knight’s Tale est proche du sans-faute. Il ne manque pas grand-chose pour lui faire passer un cap. Il n’en reste que c’est un voyage convaincant en Avalon.
King Arthur: Knight's Tale