Still Wakes the Deep - Critique

Bien plus profond qu’il n’y parait !

Une mer agitée, une plateforme pétrolière isolée, une météo capricieuse et une présence énigmatique : tels sont les ingrédients mijotés par The Chinese Room pour tenter d’instaurer l’effroi dans l’esprit des joueurs. Un objectif qui semble de plus en plus difficilement atteignable à notre époque, mais ce n’est pas visiblement pas ce qui effraie le studio britannique.

Effectivement, nombreux sont les développeurs à avoir tenté de relever ce défi, que ce soit en proposant des thèmes, des lieux ou des types de gameplay différents. Pourtant, dans la myriade de projets du genre proposé chaque année, très peu parviennent à convaincre les joueurs sur la durée et à immiscer leurs œuvres aux côtés des plus grandes œuvres du genre.

De son côté, après avoir planché sur Amnesia: A Machine for Pigs, Everybody’s Gone to the Rapture ou encore Little Orpheus, The Chinese Room pourrait bel et bien faire entrer son nouveau projet entré au panthéon du survival-horror grâce à son intrigue puissante, son ambiance parfaitement maitrisé d’un bout à l’autre de l’aventure et ce côté très mystérieux qu’il parvient habilement à gérer. Vous l’aurez donc compris, on a été très agréablement surpris par ce Still Wakes The Deep…

Loin des côtes, près de l’horreur

Si les célébrations des Fêtes de Noël sont généralement synonymes de bonne humeur et de réunions de familles, tout ne va pas être aussi idyllique ici. Nous sommes donc placés aux commandes de Caz McLeary, un électricien en mission sur la plateforme pétrolière Beira D au large de l’Ecosse. Préoccupé par les mots durs de sa femme qui menace de la quitter en raison de ces longues périodes d’absence, puis par l’autorité excessive du chef d’équipe, notre héros va rapidement devoir se ressaisir s’il veut pouvoir revoir ses proches…

Alors qu’une mystérieuse entité semble avoir investi la plateforme, que toutes les communications ont été coupées et que la majorité de l’équipage a disparu : nous sommes seuls. On salue d’ailleurs le choix d’un tel environnement pour un jeu de cette trempe : on est naturellement coupé du monde par les vastes étendues d’eau et le brouillard pesant, et on perçoit rapidement que les issues sont très peu nombreuses. Nous sommes coincés et contraint de nous battre contre une force qui nous dépasse largement.

Plus important encore, les enjeux sont parfaitement établis dès les prémices de notre périple, tout comme les quelques personnages présents d’ailleurs qui transpirent de vérité dans leurs comportements et leurs approches des événements. Un démarrage idéal pour nous laisse profiter d’une narration et d’une intrigue mêlant habilement tension palpable, volonté du héros de se sortir de cette situation et de retrouver les siens, mais aussi des séquences pesantes et emplies d’émotion nous conduisant progressivement à une conclusion qui marquera assurément bon nombre de joueurs.

Certes, l’aventure ne dure que cinq petites heures et reste foncièrement linéaire du début à la fin, mais qu’importe. Still Wakes The Deep nous attire dans les profondeurs de son récit dès les premières secondes, sans jamais vraiment nous laisser le temps de sortir la tête de l’eau pour respirer. On est pris, comme secoué et happé par ce scénario catastrophe et la créature qu’on entend au loin. On s’en souviendra !

Seul face à l’inconnu

Comme évoqué un petit peu plus haut, la plateforme pétrolière constitue le décor parfait pour une telle aventure : on explorer des couloirs sombres et étriqués, on tente de traverser sous-sols gorgés d’eau et on avance fébrilement sur une grue instable à plusieurs dizaines de mètres de hauteur pour atteindre le panneau de commandes nous permettant de poursuivre notre épopée. Un seul faux pas, une seule seconde de déconcentration, et c'est la mort assurée !

De plus, c’est au rythme de l’impact des vagues tranchantes, des explosions, des vents violents et des dégâts causés par la fameuse monstruosité qui rôde que la plateforme va petit à petit se désagréger : une bonne façon d’ouvrir de nouveaux passages pour notre héros, mais aussi de témoigner de l’urgence de la situation qui voit l’édifice de métal s’enfoncer tout doucement dans la mer.

Autre élément à noter, les développeurs ont eu la très bonne idée de ne pas nous mettre face à l’entité qui nous menace dès le début de l’aventure, gardant ainsi un peu de mystère quant à son apparence. On l’entend au loin, on reste figé quand on discerne les cris de douleurs des techniciens qu’elle torture, mais le mystère demeure pendant une partie du périple. Grisant et prenant à la fois !

Mais justement, pour faire face à la monstruosité qui nous traque, il n’est pas question de la moindre arme ou du moindre pouvoir. Pas non plus de HUD envahissant. Uniquement notre détermination. On peut courir, s’accroupir, grimper, nager, mais c’est tout. On reste totalement vulnérable. Une véritable lutte pour la survie ! Bien sûr, on peut s’aider du décor pour progresser, comme lorsqu’on se cache dans un casier ou une bouche d’aération pour laisser la créature s’éloigner. On note aussi d’ailleurs quelques interactions avec le décor qui, bien que très sommaire, apportent un cachet supplémentaire, comme le fait de pouvoir se réchauffer les mains en allument un petit chauffage d’appoint.

Malgré tout, on peut pester contre le level-design peut-être un peu trop simpliste, mais aussi et surtout contre les décors bien trop bardés d’indications quant à la direction à prendre. C’est simple, si vous voyez une bordure jaune, des tâches de peinture jaunes ou un drap jaune qui flotte dans le vent : vous savez où aller !

Concluons en évoquant rapidement la dimension technique du jeu. Côté visuel, le tout s’avère très propre avec des textures nettes, de beaux effets de lumières, pour une plateforme pétrolière criante de réalisme. On se délecte également des quelques musiques, toutes parfaitement en accord avec le récit et les situations, tandis que les doublages parviennent à merveille à retranscrire les émotions des personnages, si tant est que vous compreniez l’anglais. Dans le cas contraire, vous devrez vous contenter des sous-titres français.

Verdict

Tout au long de l’aventure, Still Wakes The Deep parvient habilement à alimenter la tension qui guide le joueur. Une intrigue très bien narrée, des personnages attachants, des moments d’émotions, un gameplay classique mais parfaitement maitrisé, une entité menaçante, et un énorme travail fait sur l’immersion : le jeu de The Chinese Room a tout ce qu’il faut (ou presque) pour répondre aux attentes des plus fervents fans de survival-horror.

Dans cet article

Still Wakes the Deep

The Chinese Room | 18 juin 2024
  • Plate-forme / Sujet

Test Still Wakes the Deep, bien plus profond qu’il n’y parait !

8
Très bon
Marquant et prenant, Still Wakes The Deep est de ces jeux que l’on n’attend pas, mais qui parviennent à profondément nous happer.
Still Wakes the Deep