Pompo The Cinephile - Critique

The Fabelmans animés.

Il a failli s'appeler Coming Soon et heureusement ce n'est pas le cas ! Ce mercredi sort enfin Pompo the Cinephile et vous ne devez pas rater ce court film d'animation transpirant l'amour du cinéma.

Il aura fallu attendre 3 ans pour enfin voir arriver le premier film du studio CLAP chez nous. Car si entre temps nous avons pu découvrir Tunnel to Summer (dont le réalisateur avait été primé à Annecy), dès 2021 CLAP nous sortait Pompo the Cinephile, un titre qui fait office de bande démo alléchante pour un studio qui n'avait alors pas encore fait ses preuves.

Par contre l'affiche française est vraiment immonde.

Ils choisissent d'adapter le manga Eiga Daisuki Pompo-San, dit Pompo the Cinephile, qui devient une impressionnante démonstration de leur capacité de réalisation tout en proposant un film de cinéma sur le cinéma dans son ensemble. Car Pompo the Cinephile c'est bien ça, un film qui parle de l'envers du décor en passant par absolument tous les stades de la création d'un long métrage.

L'histoire suit Gene, assistant de prod d'une jeune productrice d'une société spécialisée dans les énormes nanars, le genre avec une bombasse à gros flingue qui dézingue des monstres géants. Autant dire que ça vole pas haut et pourtant, Pompo la productrice en question, est la petit-fille d'un éminent réalisateur de Nyallywood qui lui a laissé les clés de sa boite. Alors qu'elle enchaîne les prods de séries B brainless, elle réfléchit à un film taillé pour les oscars.

Gene notre héros n'est pas réalisateur, par contre c'est un pur produit de la cinéphilie et un excellent monteur. Après avoir vu ce qu'il est capable de faire sur des bande-annonces, c'est à lui que Pompo va donner le script de son drame à statuette. Gene se retrouve du jour au lendemain avec la casquette de réalisateur à la tête d'un film d'auteur dont il va devoir absolument tout penser.

Pas besoin d'en savoir plus sur le scénario de Pompo the Cinephile qui va aborder toutes les étapes de la création d'un long métrage, du choix du casting, au décors, le montage, le financement, le tournage et ses difficultés inhérentes et bien sûr la mise en scène. Cette dernière est, dans la diégèse comme dans le film, particulièrement soignée, avec un gros travail sur le montage, des plans millimétrés qui font écho à ce qu'il se passe dans le film, rien n'est laissé au hasard, tout a du sens, il n'y a rien de trop. D'ailleurs le film applique ses propres conseil en terme de durée puisqu'il ne dépasse pas 1h35.

On peut reprocher une certaine naïveté vis à vis du medium qu'il dépeint, bien lisse et propre sous tout rapport.

On pourrait arguer que le final est un poil longuet malgré cela, mais ce n'est pas forcément gênant puisque la résolution permet d'aborder une autre thématique du cinéma : le bon gros fric de Nyallywood. En dehors de la technique, le scénario va parler aussi de tout ce que traverse un artiste dans sa création, ses doutes, ses angoisses de la page blanche, le crunch imposé par des délais, assumer ses choix (qui parfois sont vraiment difficile), etc. le film va devenir un miroir de ses propres incertitudes et lui permettre de gagner la confiance en soi qu'il lui manque pour devenir un artiste complet.

Pompo the Cinephile arrive à être bien réalisé, léger mais pas vide tout en proposant une forme de Shirobako du cinéma. Et ça on le doit entre autre à son réalisateur Hirao Takayuki, qui est loin d'en être à sa première production puisqu'il avait réalisé chez Ufotable l'adaptation de Gyo (de Junji Ito) et Majocco Shimai no Yoyo to Nene (les deux sont inédit en France et c'est bien dommage, surtout pour le second). En bonus, Pompo the Cinephile est chara-designé par Shingo Adachi, ce qui donne au film une patte fraiche kawaii très 2020 à l'ensemble.

On peut reprocher à Pompo the Cinephile une certaine naïveté vis à vis du medium qu'il dépeint, bien lisse et propre sous tout rapport. Mais cette naïveté peut aussi faire du bien, c'est assez reposant d'avoir cette candeur. Et ça ne leur empêche pas de montrer certains sujets piquants notamment autour du travail des actrices et l'utilisation de leur corps (avec un personnage très lucide sur son image).

Verdict

Pompo The Cinephile est une ode à la création dotée d'une réalisation envolée, presque pompeuse, résolument pop. Le cinéma de A à Z sans entrer dans les détails mais en tentant l'exhaustivité. Au delà du cinéma le film parle de confiance et de quête de soi, s'affirmer et se découvrir par le biais des arts. C'est techniquement très propre, avec un soin particulier sur le montage, sujet majeur du film qui doit faire autant écho au réalisateur que celui du manque de confiance. Le positivisme général du traitement peut faire sourire, mais on ne peut nier qu'il fait aussi du bien.

Dans cet article

Critique Pompo the Cinephile, ou The Fabelmans animés

8
Très bon
Pompo The Cinephile est joliment coloré, avec un montage cut soigné qui passe en revue le B.A-BA de la réalisation avec une vision très fraîche, candide débordant de positivité et d'espoir. Un très bon moment à passer dont la durée n'excède pas les 90 minutes.
Pompo The Cinephile